DE HENRI III. [1575]                           123
à Paris rue Saint-Honoré, avec lui son valet de cham­bre et un laquais, par certains hommes masqués, ll dit, mourant, que c'étoit le baron de Viteaux(-), qui etoit à Monsieur. Mais cela ne fut pas avéré, encore que la psomption en fût grande; d'autant que ce mignon superbe avoit bravé Monsieur jusqu'à passer un jour devant lui en la rue Saint-Antoine sans le saluer, ni faire semblant de le connoistre. Le Roy, sans autre recherche, le fit enterrer à côté du grand autel de Saint-Germain-PAuxerrois, et se chargea de payer ses dettes. Ce capitaine avoit répandu beaucoup de sang innocent à la Saint-Barthélemy. D'autres disoient qu'un grand l'avoit fait tuer par jalousie de sa femme.
Au commencement de novembre, le Roy fit mettre sus par les églises de Paris, les oratoires, autrement dits les paradis, ou il alloit tous les jours faire ses au­mônes et prieres en grande dévotion, laissant ses che­mises à grands godrons, dont il etoit auparavant si curieux, pour en prendre à colet renversé, à l'italienne. Il alloit ordinairement en coche, avec la Reine sa femme, par les rs et maisons de Paris, prendre les petits chiens damerets, se faisoit lire la grammaire, et apprenoit à décliner [ par Doron, qu'il fit depuis con­seiller au grand conseil.] Surquoy furent faits et semés ces vers :
ont prétendu qu'il avoit été tué par ordre de la Reine mère et du duc d'Alençon ; les autres, par ordre de la reine Marguerite.
(-) Le baron de Viteaux : En 1571, il avoit déjà tué Antoine d'Allègre, baron de Millau. Il fut arrété après ce second assassinat, et envoyé de­vant le parlement de Paris pour y étre jugé. Mais des amis puissans agirent en sa faveur ; et quoique le Roi voulût venger la mort de Du Guast, il ne fut condamné qu'à des dommages et intérêts, et à une amende.